vendredi 5 mars 2010

Le cercle....de la télé!!


Comme tout le monde (même si y'en a qui prétendent le contraire), j'aime regarder la télévision.  J'adore la télévision!  C'est une façon de s'évader, de se détendre, de vivre mille et une aventures sans que nos fesses quittent notre sofa. On peut rire ou pleurer durant des heures et des heures. C'est l'opportunité d'entendre des milliers de personnes plus ou moins pertinentes s'exprimer sur autant de sujets qu'il y a de possibilités d'intérêts. Ça nous permet d'être informé de ce qui se passe dans le monde.... ça permet des prises de consciences sur des faits qu'on ignorait. On peut faire des découvertes extraordinaires grâce à la télé.... Ce qui est sûr, c'est qu'à partir du moment où on ouvre la boîte à image, on baigne dans un drôle de bouillon qui change de goût au même rythme que le permet la télécommande.  La télé peut nous prendre et nous faire voyager à un tel point.  C'est tellement facile de se divertir avec une télévision!!! Et c'est ça qui est pervers....c'est que c'est trop facile!! On change de poste, on se fie sur les 4-5 première secondes d'écoute pour juger si on aime ou pas; «Ça c'est plate!»...on change de poste!  Sans se soucier de rien!! On trippe!!!


Plus ça va et plus on prend goût à des émotions de hauts niveaux. On est pas tata...on veut le best du best! C'est tout à faire naturel et instinctif, c'est dans la nature de l'homme. Déjà on vient d'atteindre un nouveau plateau et déjà c'est notre nouveau standard. Et dans notre incessante et insatiable  quête  du divertissement on en vient à être de moins en moins patient. Ce qui a pour conséquence de nous amener à de moins en moins vouloir offrir un grand effort d'écoute. On préfère quand ça fait «pow» et «wow», plutôt que de longs discours qui nous donnent l'impression d'être à l'école. En général, plus on écoute et moins on a envie d'écouter avec rigueur. Ça demande un effort; écouter! On est là pour se détendre nous autres!! On écoute, mais faut que ça soit rentable en plaisir. On veut pas perdre son temps à écouter quelque chose de plate...de tout façon, quand c'est plate on ne reste pas là longtemps. Et les diffuseurs le savent. Ils sont obsédés par notre intérêt envers leur programmation. Parce que, comme vous le savez, plus on regarde...plus s'est payant pour eux! Plus les publicités valent chères. Et c'est à cause de ça que ça dérape! C'est un terrible cercle vicieux et c'est ce que je tente de partager avec vous; «En tant que société, on ne doit pas être esclave des cotes d'écoutes!».



Pour avoir déjà travailler en télévision, c'est spécial de voir aller ça. Premièrement, les cotes d'écoutes sont attendus avec angoisse par quasiment tout le monde. Est-ce qu'on se démarque? Est-ce qu'on est viable? Est-ce qu'on va pouvoir continuer d'exister? Ou est-ce qu'on va nous sortir de la programmation?? C'est tout à fait normal comme réaction!! Les gens qui créent notre contenu télévisuel travaille tellement fort...ils y mettent tout leur coeur et parfois ils y sacrifient leur vie privée...c'est même pas des blagues.  Ils souhaitent avoir le privilège de continuer à travailler. Et d'un autre côté, faut bien qu'on puisse mesurer la popularité des émissions. On ne veut pas perdre de temps et gaspiller l'argent de tout le monde sur des programmes qui ne rejoignent pas les auditeurs. On a pas  le marché qui permet de faire des folies...nos émissions québécoises ce sont les québécois qui les regardes. Ça veut dire qu'on a un très petit marché! On est déjà chanceux d'avoir ce qu'on a, on est presque unique au monde dans cette situation-là (c'est une fierté), mais faut faire attention.  Les directeurs de stations ont pas le choix de prendre des décisions pour le bien être de leur station. Ils doivent voir à la rentabilité de l'entreprise qu'ils dirigent. Donc le principe de base des cotes d'écoute est nécessaire pour eux. Il balise le sentier de leur choix de programmation, mais ça a un côté très pervers. Les cotes influencent leur choix en fonction du rendement commercial du programme et non pas en fonction de son rayonnement intellectuel ou culturel.  Ce n'est pas très sain pour la culture d'un peuple à long terme, si vous voulez mon avis.



Selon moi, se fier aux cotes d'écoute, c'est l'équivalent de demander à des enfants de voter afin de savoir ce qu'ils souhaiteraient retrouver dans leur assiette. Y'aurait pas beaucoup de légumes là-dedans, n'est-ce pas?. Faut garantir la présence et insérer davantage de légumes dans notre contenu télévisuel!! Faut y faire grandement attention!! Parce que les pizzas, les burgers et les frites prennent de plus en plus de place.  Ils remportent beaucoup trop de succès et ça a des conséquences sur les fameuses cotes d'écoutes, qui sont analysées avec tellement de sérieux. Les intervenants du milieux créent des tas de graphiques, élaborent des théories sur  le profil de l'auditeur. Les stations font même faire des sondages par des firmes afin de connaître les goûts et intérêts des auditeurs en fonction de leur sexe et de leur âges.  Et par la suite, ça oriente leur choix de programmation. Le danger avec ce genre de procédure à long terme c'est l'uniformisation de l'offre. On perd tranquillement des degrés sur l'angle des possibilités conceptuelles. On se concentre sur ce qui fonctionne. On focalise sur l'humour, par exemple. On traite l'information comme un spectacle...avec moins de rigueur et de sérieux qu'on le devrait sans doute. Côté télé-série, on tente de trouver ce qui fonctionne super bien à l'étranger et on nous le vend ici. Conséquence directe; le contenu local (québécois) s'appauvrit tranquillement!  Sans compter qu'intellectuellement l'auditeur s'appauvrit lui aussi! Notre cerveau se relâche! Si on exige moins des gens...croyez-moi ils en donnent moins!! En gérant des standards, on appauvrit les gens, le contenu et par le fait même notre culture.

En ces temps de mondialisations, on ne peut pas se permettre d'avoir une culture faible.  Parce que la culture c'est le résultat des actions, du passé, des choix, de la créativité et de l'effervescence d'un peuple, mais c'est également ce qui le nourrit et surtout ce qui le réunit. Et vous remarquerez que de plus en plus c'est difficile de trouver quelque chose qui nous réunit tous. Il ne reste quasiment plus que les nouvelles, le hockey et des émissions comme tout le monde en parle ou quelques autres! Au moins là, on voit le monde qui marque et façonne notre société.  Le reste de nos émissions ressemblent de plus en plus à ce qui se fait aux États-Unis. Faites-le test!! Ouvrez la télévision et constatez. Demandez-vous ce qui nous définit comme peuple à la télévision. Vous verrez que ça rayonne de moins en moins fort! Je ne comprends pas pourquoi est-ce qu'on ne réagit pas plus que ça! Et j'ai malheureusement pas assez de connaissances pour l'expliquer le pourquoi de cette situation.  Si vous le savez, éclairez-moi.

Si je résume; je suis accro et fasciné par la télé, mais étant donné la compétitivité et le degrés de voracité du domaine télévisuel, les diffuseurs n'ont, présentement, d'autres choix que de se fier aux cotes d'écoutes lors de la programmation de leur grille horaire. Ils pensent à faire des profits, parce que, ne l'oublions pas, on est dans un très petit marché. Ceci les amène à faire davantage de choix prudent (sure shot). Ça a comme conséquence de reléguer les enjeux et la mission culturelle de la télévision bien loin derrière sur la liste des priorités du monde de la télé. On effrite lentement ce qui nous distingue et à force de diluer la sauce...elle ne goûtera bientôt plus rien d'unique et de particulier. Les générations qui s'en viennent n'auront bientôt plus aucune idée de sa couleur, ni de sa richesse.  Ils la consommeront sans réfléchir, ils seront souriants, tatas, se contenteront de peu et ils exigeront peu de rigueur intellectuelle... Nous aurons dès lors formé de vrais américains!!!


En terminant, je formule un souhait: «La télévision est beaucoup plus puissante et utile que ce qu'on nous laisse entendre. Elle a le pouvoir de forger et d'influencer notre conscience collective. Elle se doit d'être beaucoup plus que le simple reflet de ses auditeurs. Je souhaite que le temps fasse en sorte qu'elle soit prise en charge par des gens de plus en plus sages et sensibles. Des êtres dotés d'une conscience éclairée et d'une rigueur telle qu'ils refuseront de la voir nivelée vers le bas. Ils refuseront également de la voir s'américaniser davantage. Faites-en sorte que ces êtres deviennent les chevaliers protecteurs de notre culture. Permettez-leur d'avoir une vision de ce que nous sommes et de ce que nous devons être et offrez-leur le pouvoir de nous éloigner tranquillement de la bêtise. S'il vous plaît, ne laissez pas la télévision être dirigée par la nature des hommes! Je veux pouvoir continuer à me divertir et à l'écouter sans réfléchir... Je veux qu'elle me force à le faire subtilement, comme elle seule en est capable!».


VIVE LA BONNE TÉLÉVISION!!

Ps: L'écouter c'est voter... ça a des conséquences!!